jeudi 24 mai 2012

1er chapitre (3/4)

Mondo marchait vite jusqu'à la jetée qui avance au milieu de la mer. Mondo regardait un instant la mer, en serrant les paupières pour ne pas être ébloui par les reflets du soleil. Le ciel était très bleu, sans nuages, et les vagues courtes étincelaient.
Mondo descendait le petit escalier qui conduit aux brisants. Il aimait beaucoup cet endroit. La digue de pierre était très longue, bordée de gros blocs de ciment rectangulaires. Au bout de la digue, il y avait le phare.
Les oiseaux de mer glissaient dans le vent, planaient, tournaient lentement en poussant des gémissements d'enfant. Ils volaient au-dessus de Mondo, ils frôlaient sa tête et l'appelaient. Mondo jetait les miettes de pain le plus haut qu'il pouvait, et les oiseaux de mer les attrapaient au vol.
Mondo aimait marcher ici, sur les brisants. Il sautait d'un bloc à l'autre, en regardant la mer. Il sentait le vent qui appuyait sur sa joue droite, qui tirait ses cheveux de côté. Le soleil était très chaud, malgré le vent. Les vagues cognaient sur la base des blocs de ciment en faisant jaillir les embruns dans la lumière.
De temps en temps, Mondo s'arrêtait pour regarder la côte. Elle était loin déjà, une bande brune semée de petits parallélépipèdes blancs. Au-dessus des maisons, les collines étaient grises et vertes. La fumée des incendies montait par endroits, faisait une tache bizarre dans le ciel. Mais on ne voyait pas de flammes. "II faudra que j'aille voir là-bas", disait Mondo.
Il pensait aux grandes flammes rouges qui dévoraient les buissons et les forêts de chênes-lièges. Il pensait aussi aux camions des sapeurs-pompiers arrêtés dans les chemins, parce qu'il aimait beaucoup les camions rouges.
A l'ouest, il y avait aussi comme un incendie sur la mer, mais c'était seulement le reflet du soleil. Mondo restait immobile et il sentait les petites flammes des reflets qui dansaient sur ses paupières, puis il continuait son chemin, en sautant sur les brise-lames. Mondo connaissait bien tous les blocs de ciment, ils avaient l'air de gros animaux endormis, à moitié dans l'eau, en train de chauffer leurs dos larges au soleil. Ils portaient de drôles de signes gravés sur leurs dos, des taches brunes, rouges, des coquillages incrustés dans le ciment. A la base des brise-lames, là où la mer battait, le goémon vert faisait un tapis, et il y avait des populations de mollusques aux coquilles blanches.
Mondo connaissait surtout un bloc de ciment, presque au bout de la digue. C'était là qu'il allait toujours s'asseoir, et c'était lui qu'il préférait. C'était un bloc un peu incliné, mais pas trop, et son ciment était usé, très doux. Mondo s'installait sur lui, il s'asseyait en tailleur, et il lui parlait un peu, à voix basse, pour lui dire bonjour. Quelquefois il lui racontait même des histoires pour le distraire, parce qu'il devait sûrement s'ennuyer un peu, à rester là tout le temps, sans pouvoir partir. Alors il lui parlait de voyages, de bateaux et de mer, bien sûr, et puis de ces grands cétacés qui dérivent lentement d'un pôle à l'autre. Le brise-lames ne disait rien, ne bougeait pas, mais il aimait bien les histoires que lui racontait Mondo.
C'était sûrement pour ça qu'il était si doux. Mondo restait longtemps assis sur son brise-lames, à regarder les étincelles sur la mer et à écouter le bruit des vagues. Quand le soleil était plus chaud, vers la fin de l'après-midi, il s'allongeait en chien de fusil, la joue contre le ciment tiède, et il dormait un peu.


Questionnaire:
Mondo adore la nature. Justifiez.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire