Quand la nuit tombait, Mondo retournait à la Maison de la Lumière d'Or. Il mangeait le riz et les légumes dans la grande salle, avec Thi Chin, puis il sortait dans le jardin. Il attendait que la petite femme vienne le rejoindre, et ils marchaient ensemble très lentement sur le sentier de gravier, jusqu'à ce qu'ils soient complètement entourés par les arbres et les buissons. Thi Chin prenait la main de Mondo et la serrait si fort qu'il avait mal. Mais c'était bien quand même, de marcher comme cela dans la nuit sans lumières, en tâtant du bout du pied pour ne pas tomber, guidés seulement par le bruit du gravier qui crissait sous les semelles. Mondo écoutait le chant strident du criquet caché, il sentait les odeurs des arbustes qui écartaient leurs feuilles dans la nuit. Ça faisait un peu tourner la tête, et c'était pour ça que la petite femme serrait très fort sa main, pour ne pas avoir le vertige.
« La nuit, tout sent bon », disait Mondo.
« C'est parce qu'on ne voit pas », disait Thi Chin.
« On sent mieux, et on entend mieux quand on ne voit pas. »
Elle s'arrêtait sur le chemin.
« Regarde, on va voir les étoiles, maintenant. »
Le cri aigu du criquet résonnait tout près d'eux, comme s'il sortait du ciel même. Les étoiles apparaissaient, l'une après l'autre, elles palpitaient faiblement dans l'humidité de la nuit. Mondo les regardait, la tête renversée, en retenant son souffle.
« Elles sont belles, est-ce qu'elles disent quelque chose, Thi Chin ? »
« Oui, elles disent beaucoup de choses, mais on ne comprend pas ce qu'elles disent.»
« Même si on savait lire, on ne pourrait pas comprendre? »
« Non, on ne pourrait pas, Mondo. Les hommes ne peuvent pas comprendre ce que disent les étoiles. »
« Peut-être qu'elles racontent ce qu'il y aura plus tard, dans très longtemps. »
« Oui, ou bien peut-être qu'elles se racontent des histoires. »
Thi Chin aussi les regardait sans bouger, en serrant très fort la main de Mondo.
« Peut-être qu'elles disent la route qu'il faut suivre, les pays où il faut aller. »
Mondo réfléchissait.
« Elles brillent fort maintenant. Peut-être qu'elles sont des âmes.
Thi Chin voulait voir le visage de Mondo, mais tout était noir. Alors, tout d'un coup, elle se mettait à trembler, comme si elle avait peur. Elle serrait la main de Mondo contre sa poitrine, et elle appuyait sa joue contre son épaule. Sa voix était toute bizarre et triste, comme si quelque chose lui faisait mal.
« Mondo, Mondo... »
Elle répétait son nom avec sa voix étouffée et son corps tremblait.
« Qu'est-ce que vous avez ? » demandait Mondo. Il essayait de la calmer en lui parlant. « Je suis là, je ne vais pas partir, je ne veux pas m'en aller. »
Il ne voyait pas le visage de Thi Chin, mais il devinait qu'elle pleurait, et c'était pour cela que son corps tremblait. Thi Chin s'écartait un peu, pour que Mondo ne sente pas couler ses larmes.
« Excuse-moi, je suis bête », disait-elle ; mais sa voix n'arrivait pas à parler.
« Ne soyez pas triste », disait Mondo. Il l'entraînait à l'autre bout du jardin. « Venez, nous allons voir les lumières de la ville dans le ciel. »
Ils allaient jusqu'à l'endroit où on pouvait voir la grande lueur rose en forme de champignon, au-dessus des arbres. Il y avait même un avion qui passait en clignotant, et ça les faisait rire.
Puis ils s'asseyaient sur le chemin de gravier, sans se lâcher la main. La petite femme avait oublié sa tristesse, et elle parlait à nouveau, à voix basse, sans penser à ce qu'elle disait. Mondo parlait aussi, et le criquet faisait son bruit strident, dans sa cachette au milieu des feuilles. Mondo et Thi Chin restaient assis comme cela très longtemps, jusqu'à ce que leurs paupières deviennent lourdes. Alors ils s'endormaient par terre, et le jardin bougeait lentement, lentement, comme le pont d'un bateau.
Questionnaire:
Dans ce passage, Thi Chi est triste et heureuse. Pourquoi?
« Excuse-moi, je suis bête », disait-elle ; mais sa voix n'arrivait pas à parler.
« Ne soyez pas triste », disait Mondo. Il l'entraînait à l'autre bout du jardin. « Venez, nous allons voir les lumières de la ville dans le ciel. »
Ils allaient jusqu'à l'endroit où on pouvait voir la grande lueur rose en forme de champignon, au-dessus des arbres. Il y avait même un avion qui passait en clignotant, et ça les faisait rire.
Puis ils s'asseyaient sur le chemin de gravier, sans se lâcher la main. La petite femme avait oublié sa tristesse, et elle parlait à nouveau, à voix basse, sans penser à ce qu'elle disait. Mondo parlait aussi, et le criquet faisait son bruit strident, dans sa cachette au milieu des feuilles. Mondo et Thi Chin restaient assis comme cela très longtemps, jusqu'à ce que leurs paupières deviennent lourdes. Alors ils s'endormaient par terre, et le jardin bougeait lentement, lentement, comme le pont d'un bateau.
Questionnaire:
Dans ce passage, Thi Chi est triste et heureuse. Pourquoi?