1, 2, 3... Mondo
lundi 4 juin 2012
6ème Chapitre (2/2)
Mais le lendemain, le commissaire était venu à la maison de Thi Chin. Il avait ouvert
le portail et il avait marché sur l'allée de gravier jusqu'à la porte.
Quand Thi Chin avait ouvert, il était entré, presque de force, et il avait regardé à l'intérieur de la grande salle.
« Votre Mondo », commençait-il.
« Que lui est-il arrivé ? » demandait Thi Chin. Elle était encore plus pâle que l'autre jour, et ses yeux étaient levés vers le visage du policier avec crainte.
« Il est parti. »
« Parti ? »
« Oui, parti, disparu. Evaporé ! »
Par-dessus la tête de Thi Chin, le policier scrutait l'intérieur de la maison.
« Vous ne l'avez pas vu? Il n'est pas venu ici? »
(...)
« Non ! » criait Thi Chin.
« Il a mis le feu à son matelas, dans l'infirmerie, et il a profité de l'affolement pour filer. Je pensais que vous l'aviez peut-être vu passer? »
« Non ! Non ! » criait encore Thi Chin. Maintenant ses yeux étroits brillaient de colère. Le commissaire reculait devant elle.
« Ecoutez, je suis venu tout de suite vous avertir. Il faut retrouver ce garçon avant qu'il ne fasse d'autres bêtises. »
Le commissaire redescendait les marches du perron en demi-lune.
« S'il revient chez vous, prévenez-moi ! »
Il s'en allait déjà sur le chemin de gravier, vers le portail.
« Je vous ai dit l'autre jour. C'est un sauvage! »
Thi Chin ne bougeait pas, sur le seuil. Ses yeux s'emplissaient de larmes et sa gorge était si serrée qu'elle n'arrivait plus à respirer.
« Vous n'avez rien compris, rien! » Elle parlait à voix basse, pour elle-même, tandis que le commissaire de police repoussait le portail et descendait à grands pas le chemin d'escaliers vers sa voiture noire.
Alors Thi Chin s'asseyait sur les marches blanches, et elle restait immobile longtemps, sans regarder la lumière d'or qui était en train d'emplir la grande salle vide, sans écouter le bruit strident du criquet caché.
Elle pleurait un peu, sans même s'en apercevoir, et les larmes coulaient goutte à goutte au bout de son nez et tombaient sur son tablier bleu. Elle savait que l'enfantaux cheveux couleur de cendres ne reviendrait pas, ni demain ni les autres jours.
« Non ! » criait Thi Chin.
« Il a mis le feu à son matelas, dans l'infirmerie, et il a profité de l'affolement pour filer. Je pensais que vous l'aviez peut-être vu passer? »
« Non ! Non ! » criait encore Thi Chin. Maintenant ses yeux étroits brillaient de colère. Le commissaire reculait devant elle.
« Ecoutez, je suis venu tout de suite vous avertir. Il faut retrouver ce garçon avant qu'il ne fasse d'autres bêtises. »
Le commissaire redescendait les marches du perron en demi-lune.
« S'il revient chez vous, prévenez-moi ! »
Il s'en allait déjà sur le chemin de gravier, vers le portail.
« Je vous ai dit l'autre jour. C'est un sauvage! »
Thi Chin ne bougeait pas, sur le seuil. Ses yeux s'emplissaient de larmes et sa gorge était si serrée qu'elle n'arrivait plus à respirer.
« Vous n'avez rien compris, rien! » Elle parlait à voix basse, pour elle-même, tandis que le commissaire de police repoussait le portail et descendait à grands pas le chemin d'escaliers vers sa voiture noire.
Alors Thi Chin s'asseyait sur les marches blanches, et elle restait immobile longtemps, sans regarder la lumière d'or qui était en train d'emplir la grande salle vide, sans écouter le bruit strident du criquet caché.
Elle pleurait un peu, sans même s'en apercevoir, et les larmes coulaient goutte à goutte au bout de son nez et tombaient sur son tablier bleu. Elle savait que l'enfantaux cheveux couleur de cendres ne reviendrait pas, ni demain ni les autres jours.
6ème Chapitre (1/2)
(...)
Ce jour-là n'était pas comme les autres, parce que quelqu'un manquait dans la ville. Mondo cherchait le vieux mendiant aux colombes, et son coeur battait plus fort, parce qu'il savait déjà qu'il ne le trouverait pas. Il le cherchait partout, dans les rues et les ruelles, sur la place du marché, devant les églises. Mondo avait très envie de le voir. Mais pendant la nuit, la camionnette grise était passée, et les hommes en uniforme avaient emmené le vieux Dadi.
Mondo continuait à chercher Dadi partout, sans se reposer. Son coeur battait de plus en plus fort tandis qu'il courait d'une cachette à une autre. Il regardait dans tous les endroits où le vieux mendiant avait l'habitude d'aller, dans les coins des portes cochères, dans les escaliers, près des fontaines, dans les jardins publics, dans l'entrée des vieux immeubles. Parfois, il voyait sur le trottoir un morceau de journal, et il s'arrêtait pour regarder autour de lui, comme si le vieux Dadi allait revenir s'asseoir par terre. A la fin, c'est le Cosaque qui avait prévenu Mondo.
Mondo l'avait rencontré dans la rue, près du marché. Il avançait difficilement, en se tenant au mur, parce qu'il était complètement saoul. Les gens s'arrêtaient et le regardaient en riant. Il avait même perdu son petit accordéon noir, quelqu'un le lui avait volé pendant qu'il cuvait son vin. Quand Mondo lui avait demandé où étaient le vieux Dadi et ses colombes, il l'avait regardé un moment sans comprendre, les yeux vides.
Puis il avait grogné seulement :
« Sais pas... Ils l'ont emmené, cette nuit... »
« Où est-ce qu'on l'a emmené ? »
« Sais pas... A l'hôpital. »
Le Cosaque faisait de grands efforts pour repartir.
« Attendez ! Et les colombes ? Est-ce qu'ils les ont emmenées aussi ? »
« Les colombes ? »
Le Cosaque ne comprenait pas.
« Les oiseaux blancs ! »
« Ah oui, je ne sais pas... » Le Cosaque haussait les épaules. « Sais pas ce qu'ils en ont fait, de ses pigeons... Peut-être qu'ils vont les manger... »
Et il continuait à avancer en titubant le long du mur.
Alors tout à coup Mondo avait senti une grande fatigue. Il voulait retourner s'asseoir au bord de la mer, sur la plage, pour dormir. Mais c'était trop loin, il n'avait plus de forces. Peut-être que ça faisait trop longtemps qu'il ne mangeait pas bien, ou bien c'était la peur. Il avait l'impression que tous les bruits résonnaient dans sa tête et que la terre bougeait sous ses pieds.
Mondo avait cherché une place dans la rue, sur le trottoir, et il s'était assis là, le dos contre le mur.
Maintenant il attendait. Un peu plus loin, il y avait le magasin d'un marchand de meubles, avec une grande vitrine qui réverbérait la lumière. Mondo restait assis sans bouger, il ne voyait même pas les jambes des gens qui marchaient devant lui, qui s'arrêtaient parfois. Il n'écoutait pas les voix qui parlaient. Il sentait une sorte d'engourdissement qui gagnait tout son corps, qui montait comme un froid, qui rendait ses lèvres insensibles et empêchait ses yeux de bouger.
Son coeur ne battait plus très fort; maintenant il était loin et tout faible, il remuait lentement dans sa poitrine, comme s'il était sur le point de s'arrêter.
Mondo pensait à toutes ses bonnes cachettes, toutes celles qu'il connaissait, au bord de la mer, dans les rochers blancs, entre les brise-lames, ou bien dans le jardin de la Maison de la Lumière d'Or. Il pensait aussi au bateau Oxyton qui faisait des mouvements pour se détacher du quai, parce qu'il voulait aller jusqu'à la mer Rouge. Mais en même temps, c'était comme s'il ne pouvait plus quitter cet endroit, sur le trottoir, contre ce morceau de mur, comme si ses jambes ne pouvaient plus marcher davantage.
Quand les gens lui avaient parlé, Mondo n'avait pas levé la tête. Il restait immobile sur le trottoir, le front appuyé sur ses avant-bras. Maintenant les jambes des gens étaient arrêtées devant lui, elles formaient un rempart en demi-cercle comme lorsque le Gitan donnait sa représentation publique. Mondo pensait qu'elles feraient mieux de s'en aller, de continuer leur chemin. Il regardait tous ces pieds arrêtés, les grosses chaussures de cuir noir des hommes, les sandales à hauts talons des femmes. Il entendait les voix qui parlaient au-dessus de lui, mais il ne parvenait pas à comprendre ce qu'elles disaient.
« ... Téléphoner... », disaient les voix. Téléphoner à qui? Mondo pensait qu'il était devenu un chien, un vieux chien au poil fauve qui dormait couché en rond sur un coin du trottoir. Personne ne pouvait le voir, personne ne pouvait faire attention à un vieux chien jaune. Le froid continuait à monter le long de son corps, lentement, dans ses membres, dans son ventre, jusqu'à sa tête.
Alors la camionnette grise du Ciapacan était venue.
Mondo l'avait entendue arriver, dans son demi-sommeil, il avait entendu les freins grincer et les portières qui s'ouvraient. Mais ça lui était bien égal. Les jambes des gens avaient reculé un peu, et Mondo avait vu les pantalons bleu marine et les chaussures noires aux semelles épaisses qui s'approchaient de lui.
« Tu es malade ? »
Mondo entendait les voix des hommes en uniforme. Elles résonnaient comme à des milliers de kilomètres.
«Comment tu t'appelles? Où est-ce que tu habites ? »
« Tu vas venir avec nous, tu veux ? »
Mondo pensait aux collines qui brûlaient, partout, autour de la ville. C'était comme s'il était assis au bord de la route, et qu'il voyait les champs de braise, les grandes flammes rouges, et qu'il sentait l'odeur de la résine et de la fumée blanche qui montait dans le ciel ; il voyait même les camions rouges des pompiers arrêtés dans les broussailles et les longs tuyaux qui se déroulaient.
« Tu peux marcher ? »
Les mains des hommes soulevaient Mondo sous les épaules, comme un fardeau léger, et le portaient vers la camionnette aux portes arrière ouvertes. Mondo sentait ses jambes cogner contre le sol, contre les échelons du marchepied, mais c'était comme si elles étaient étrangères, des jambes de pantin faites de bois et de vis. Puis les portières se refermaient en claquant, et la camionnette commençait à rouler à travers la ville.
C'était la dernière fois.
5ème Chapitre- Résumé
L’été
approche; l’herbe est de plus en plus sèche et les .......................... prolifèrent sur
les collines. Mondo dort quotidiennement à la Maison de la ........................... et
retourne chaque matin se baigner dans ........................
Un jour de grand vent, il
accompagnele Gitan à la plage pour voir une bataille de cerfs-volants. Plus tard, Mondo retourne sur le quai et
retrouve son ami Oxyton, un bateau sur lequel il aime s’asseoir pour chanter ..................... Là, il croise des personnes rêveuses par qui il souhaiterait
se faire ...................... Il en interroge certaines sur les phénomènes naturels et les
objets environnants. Celles-ci sont à chaque fois décontenancées
Un jour, Mondo
souhaite apprendre à lire et arpente la ville pour trouver un professeur. Il
s’arrête auprès d’un vieil homme qui ratisse la plage de galets. Celui-ci lui
apprend à lire en gravant chaque .................. de l’alphabet sur un galet. Il luif ait
lire ................., Marcel, puis il lui parle d’une rivière sacrée de l’Inde (le Gange). ..................... , Mondo retourne comme à son habitude chez ..................... et ils sortent tous
les deux dans ............................. Là, alors qu’ils observent les étoiles, Ti Chin pleure
contre Mondo. Le petit garçon la rassure en lui promettant de ne pas la ..................
jeudi 31 mai 2012
5ème Chapitre (2/2)
Quand la nuit tombait, Mondo retournait à la Maison de la Lumière d'Or. Il mangeait le riz et les légumes dans la grande salle, avec Thi Chin, puis il sortait dans le jardin. Il attendait que la petite femme vienne le rejoindre, et ils marchaient ensemble très lentement sur le sentier de gravier, jusqu'à ce qu'ils soient complètement entourés par les arbres et les buissons. Thi Chin prenait la main de Mondo et la serrait si fort qu'il avait mal. Mais c'était bien quand même, de marcher comme cela dans la nuit sans lumières, en tâtant du bout du pied pour ne pas tomber, guidés seulement par le bruit du gravier qui crissait sous les semelles. Mondo écoutait le chant strident du criquet caché, il sentait les odeurs des arbustes qui écartaient leurs feuilles dans la nuit. Ça faisait un peu tourner la tête, et c'était pour ça que la petite femme serrait très fort sa main, pour ne pas avoir le vertige.
« La nuit, tout sent bon », disait Mondo.
« C'est parce qu'on ne voit pas », disait Thi Chin.
« On sent mieux, et on entend mieux quand on ne voit pas. »
Elle s'arrêtait sur le chemin.
« Regarde, on va voir les étoiles, maintenant. »
Le cri aigu du criquet résonnait tout près d'eux, comme s'il sortait du ciel même. Les étoiles apparaissaient, l'une après l'autre, elles palpitaient faiblement dans l'humidité de la nuit. Mondo les regardait, la tête renversée, en retenant son souffle.
« Elles sont belles, est-ce qu'elles disent quelque chose, Thi Chin ? »
« Oui, elles disent beaucoup de choses, mais on ne comprend pas ce qu'elles disent.»
« Même si on savait lire, on ne pourrait pas comprendre? »
« Non, on ne pourrait pas, Mondo. Les hommes ne peuvent pas comprendre ce que disent les étoiles. »
« Peut-être qu'elles racontent ce qu'il y aura plus tard, dans très longtemps. »
« Oui, ou bien peut-être qu'elles se racontent des histoires. »
Thi Chin aussi les regardait sans bouger, en serrant très fort la main de Mondo.
« Peut-être qu'elles disent la route qu'il faut suivre, les pays où il faut aller. »
Mondo réfléchissait.
« Elles brillent fort maintenant. Peut-être qu'elles sont des âmes.
Thi Chin voulait voir le visage de Mondo, mais tout était noir. Alors, tout d'un coup, elle se mettait à trembler, comme si elle avait peur. Elle serrait la main de Mondo contre sa poitrine, et elle appuyait sa joue contre son épaule. Sa voix était toute bizarre et triste, comme si quelque chose lui faisait mal.
« Mondo, Mondo... »
Elle répétait son nom avec sa voix étouffée et son corps tremblait.
« Qu'est-ce que vous avez ? » demandait Mondo. Il essayait de la calmer en lui parlant. « Je suis là, je ne vais pas partir, je ne veux pas m'en aller. »
Il ne voyait pas le visage de Thi Chin, mais il devinait qu'elle pleurait, et c'était pour cela que son corps tremblait. Thi Chin s'écartait un peu, pour que Mondo ne sente pas couler ses larmes.
« Excuse-moi, je suis bête », disait-elle ; mais sa voix n'arrivait pas à parler.
« Ne soyez pas triste », disait Mondo. Il l'entraînait à l'autre bout du jardin. « Venez, nous allons voir les lumières de la ville dans le ciel. »
Ils allaient jusqu'à l'endroit où on pouvait voir la grande lueur rose en forme de champignon, au-dessus des arbres. Il y avait même un avion qui passait en clignotant, et ça les faisait rire.
Puis ils s'asseyaient sur le chemin de gravier, sans se lâcher la main. La petite femme avait oublié sa tristesse, et elle parlait à nouveau, à voix basse, sans penser à ce qu'elle disait. Mondo parlait aussi, et le criquet faisait son bruit strident, dans sa cachette au milieu des feuilles. Mondo et Thi Chin restaient assis comme cela très longtemps, jusqu'à ce que leurs paupières deviennent lourdes. Alors ils s'endormaient par terre, et le jardin bougeait lentement, lentement, comme le pont d'un bateau.
Questionnaire:
Dans ce passage, Thi Chi est triste et heureuse. Pourquoi?
« Excuse-moi, je suis bête », disait-elle ; mais sa voix n'arrivait pas à parler.
« Ne soyez pas triste », disait Mondo. Il l'entraînait à l'autre bout du jardin. « Venez, nous allons voir les lumières de la ville dans le ciel. »
Ils allaient jusqu'à l'endroit où on pouvait voir la grande lueur rose en forme de champignon, au-dessus des arbres. Il y avait même un avion qui passait en clignotant, et ça les faisait rire.
Puis ils s'asseyaient sur le chemin de gravier, sans se lâcher la main. La petite femme avait oublié sa tristesse, et elle parlait à nouveau, à voix basse, sans penser à ce qu'elle disait. Mondo parlait aussi, et le criquet faisait son bruit strident, dans sa cachette au milieu des feuilles. Mondo et Thi Chin restaient assis comme cela très longtemps, jusqu'à ce que leurs paupières deviennent lourdes. Alors ils s'endormaient par terre, et le jardin bougeait lentement, lentement, comme le pont d'un bateau.
Questionnaire:
Dans ce passage, Thi Chi est triste et heureuse. Pourquoi?
5ème chapitre (1/2)
(...)
Quand Mondo était assis sur le parvis des églises avec le vieux Dadi, les gens étaient un peu étonnés. Ils s'arrêtaient pour regarder le petit garçon et le vieil homme avec ses colombes, et ils donnaient davantage de pièces parce qu'ils étaient émus. Mais Mondo ne restait pas très longtemps à mendier, parce qu'il y avait toujours une ou deux femmes qui n'aimaient pas voir cela et qui commençaient à poser des questions. Et puis il fallait faire attention au Ciapacan. Si la camionnette grise était passée à ce moment-là, sûrement les hommes en uniforme seraient sortis et l'auraient emmené. Ils auraient peut-être même emmené le vieux Dadi et ses colombes.
(...)
Il y avait beaucoup de choses à voir, partout, dans les rues, sur la plage, et dans les terrains vagues. Mondo n'aimait pas tellement les endroits où il y avait beaucoup de gens. Il préférait les espaces ouverts, là où on voit loin, les esplanades, les jetées qui avancent au milieu de la mer, les avenues droites où roulent les camions-citernes. C'était dans ces endroits-là qu'il pouvait trouver des gens à qui parler, pour leur dire simplement:
« Est-ce que vous voulez m'adopter ? »
C'étaient des gens un peu rêveurs, qui marchaient les mains derrière leur dos en pensant à autre chose. Il y avait des astronomes, des professeurs d'histoire, des musiciens, des douaniers. Il y avait quelquefois un peintre du dimanche, qui peignait des bateaux, des arbres, ou des couchers de soleil, assis sur un strapontin. Mondo restait un moment à côté de lui, à regarder le tableau. Le peintre se retournait et disait :
« Ça te plaît ? »
Mondo faisait oui de la tête. Il montrait un homme et un chien qui marchaient sur le quai, au loin.
« Et eux, vous allez les dessiner aussi ? »
« Si tu veux », disait le peintre. Avec son pinceau le plus fin, il mettait sur la toile une petite silhouette noire qui ressemblait plutôt à un insecte. Mondo réfléchissait un peu, et il disait :
« Vous savez dessiner le ciel ? »
Le peintre s'arrêtait de peindre et le regardait avec étonnement.
« Le ciel ? »
« Oui, le ciel, avec les nuages, le soleil. Ce serait bien.»
Le peintre n'avait jamais pensé à cela. Il regardait le ciel au-dessus de lui, et il riait.
(...)
Il y avait quelqu'un que Mondo aimait bien rencontrer. C'était un homme jeune, assez grand et fort, avec un visage très rouge et des yeux bleus. Il était habillé d'un uniforme bleu foncé et il portait une grosse besace de cuir remplie de lettres. Mondo le rencontrait souvent, le matin, dans le chemin d'escaliers qui montait à travers la colline. La première fois que Mondo lui avait demandé :
« Est-ce que vous avez une lettre pour moi ? »
Le gros homme avait ri. Mais Mondo le croisait chaque jour, et chaque jour il allait vers lui et lui posait la même question :
« Et aujourd'hui ? Est-ce que vous avez une lettre pour moi ? »
Alors l'homme ouvrait sa besace et cherchait.
« Voyons, voyons... C'est comment ton nom, déjà ? »
« Mondo », disait Mondo.
« Mondo... Mondo... Non, pas de lettre aujourd'hui.»
Quelquefois tout de même, il sortait de sa besace un petit journal imprimé, ou bien une réclame et il les tendait à Mondo.
« Tiens, aujourd'hui, il y a ça qui est arrivé pour toi. »
Il lui faisait un clin d'oeil et il continuait son chemin.
Un jour, Mondo avait très envie d'écrire des lettres, et il avait décidé de chercher quelqu'un pour lui apprendre à lire et à écrire.
(...)
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